Comme lors du Mondial féminin de basket-ball en Australie fin septembre, où sept membres de Basket Landes – quatre joueuses et trois personnes du staff – étaient présents avec l’équipe de France, un petit air des Landes souffle toujours à l’autre bout du monde. En Nouvelle-Zélande cette fois où, en plus de la Coupe du monde féminine de rugby – avec une équipe de France emmené par… un Landais, Thomas Darracq – se déroule également la première édition du Mondial pour les militaires.
En Nouvelle-Zélande, on retrouve Margaux Auvinet et Marie Gourgues, qui ont été bercées dans les Landes – respectivement à Saint-Sever et Mont-de-Marsan – Audrey Barrut (Dordogne) et Léa Morel (Alsace), qui portent, elles, fièrement les couleurs des Pachys de l’US Dax, en Élite 2. Ce mercredi 19 octobre, sur la base aérienne de Whenuapai, leur camp de base (au nord-ouest d’Auckland), toutes arrivent au rendez-vous le sourire radieux, quelques heures seulement après s’être qualifiées pour l’ultime étape de ce Mondial, la finale. Une victoire en demi-finale (6-5) acquise grâce à une pénalité marquée dans le money-time (79e), face aux Fidji, quelques heures plus tôt.
« Courage ». « Discipline ». « Engagement ». « Solidarité ». Quatre éléments indispensables pour espérer venir à bout des Black Ferns devant leur public, mardi 25 octobre (2 heures, heure française) lors de la finale. Et ça tombe bien, ces filles-là les cultivent aussi sur d’autres terrains que le rugby.
Comme Margaux Auvinet (24 ans), Audrey Barrut (23 ans) porte l’uniforme de gendarme. Entre sa caserne à Saint-Jean-Pied-de-Port dans les Pyrénées-Atlantiques, les trois entraînements hebdomadaires à Dax et sa vie privée, l’équation est délicate. Parfois même insoluble. « Dans ces cas-là, je m’entraîne chez moi sur mes temps d’astreinte. » Un rythme effréné récompensé par cette Coupe du monde. « J’ai eu la chance de la vivre à 7, c’était déjà exceptionnel. Mais là, à 15, c’est le rêve de tout rugbyman ! ».
La troisième ligne a en effet participé au sacre des Bleues début juin, à Agen, avec Marie Gourgues (24 ans), désormais installé à Toulon, et Léa Morel (26 ans). Cette dernière, qui a commencé le rugby à six ans, rêvait d’atteindre le plus haut niveau. Après un parcours en sport-études et des débuts à Caen en championnat Élite, elle abandonne à 18 ans. « Je n’avais pas le niveau […]. Puis un jour, une coéquipière de club m’a parlé de l’équipe de France militaire. »
En 2017, la jeune femme met alors un pied dans la Marine en tant que réserviste, en plus d’une casquette d’organisatrice de séjours. Elle a fêté sa première sélection cette année.
Bien qu’elles évoluent avec les Bleues « militaires », ne leur parlez surtout pas de lot de consolation. « L’équipe de France civile et nous, on pratique le même sport, on représente le même pays. Pour moi, cela a la même saveur », appuie Léa Morel. Loin de s’opposer, les deux formations partagent même une dizaine de joueuses et les amitiés sont nombreuses, car beaucoup se côtoient en club.
Hasard du calendrier, les deux Mondiaux féminins se déroulent en même temps, au même endroit. Et les connexions n’ont pas tardé. « On leur a envoyé une vidéo d’encouragements avant leur premier match, elles nous en ont fait une en retour », confie Margaux Auvinet, aujourd’hui installée en région parisienne et qui travaille à la caserne de Maisons-Alfort. Les militaires ont également donné de la voix dans les tribunes d’Eden Park lors du premier match des Bleues « civiles » contre l’Afrique du Sud.
Ce jour-là, elles ont également savouré le Haka des Black Ferns devant plus de 34 000 supporteurs, contre l’Australie. Une expérience « impressionnante » pour Margaux Auvinet, « une chance » même selon Léa Morel. Mais la Dacquoise gardera un souvenir tout particulier d’un autre Haka, celui de la demi-finale des militaires néo-zélandaises. « La leader maorie portait son bébé dans ses bras, j’en ai encore des frissons en y repensant ! »
Leur boîte à souvenirs pourrait encore s’alourdir ce mardi grâce à une possible médaille d’or (1). Un avant-goût du 12 novembre pour les autres Bleues ? Elles l’espèrent toutes. La marche est haute, d’autant que les Françaises ont chuté contre cette même équipe lors du match d’ouverture (22-10). Mais ne dit-on pas qu’impossible n’est pas français ?
(1) Match en direct à suivre gratuitement sur www.nzdf.mil.nz/idrc