Le CO premier de la phase régulière pour la première fois de son histoire avec le 10e budget (22,8 M€) et la 11e masse salariale, la saison est-elle déjà réussie ?
C’est une belle saison, c’est sûr ! Mais être premier, c’est secondaire, on voulait surtout se qualifier dans les six. On avait terminé 7e la saison passée où les résultats ne nous avaient pas été favorables lors de la dernière journée. Donc on espérait avant tout disputer les phases finales cette saison. Lors de la 26e journée, on doit surtout notre première place aux contre-performances de l’UBB et de Montpellier.
Une première place avec le plus petit total de points (76) depuis la création du Top 14…
Cela montre qu’on a aussi une grosse marge de progression devant nous et une certaine fragilité. On a été constant dans la saison parce qu’on a énormément travaillé, on a fait des efforts à toutes les rencontres pratiquement, notamment au niveau de l’état d’esprit, du combat et du « savoir gagner …
C’est une belle saison, c’est sûr ! Mais être premier, c’est secondaire, on voulait surtout se qualifier dans les six. On avait terminé 7e la saison passée où les résultats ne nous avaient pas été favorables lors de la dernière journée. Donc on espérait avant tout disputer les phases finales cette saison. Lors de la 26e journée, on doit surtout notre première place aux contre-performances de l’UBB et de Montpellier.
Une première place avec le plus petit total de points (76) depuis la création du Top 14…
Cela montre qu’on a aussi une grosse marge de progression devant nous et une certaine fragilité. On a été constant dans la saison parce qu’on a énormément travaillé, on a fait des efforts à toutes les rencontres pratiquement, notamment au niveau de l’état d’esprit, du combat et du « savoir gagner ». On a eu des matchs qui se sont joués à peu et qui ont basculé de notre côté parce qu’on a une force de caractère, une sorte de confiance en nous et dans le projet qui fait qu’on ne s’affole pas dans les fins de rencontres.
Le CO était en grand danger à votre prise de fonction fin 2020. Qu’avez-vous changé pour passer de relégable à premier en dix-sept mois ?
Ce sont juste des garçons qui ont repris confiance et se sont aussi remis à travailler. Le CO a été champion de France en 2018 et dans ce cas-là tu as tendance un peu à t’endormir. Comme on a un budget inférieur à d’autres équipes, on a des joueurs qui en terme de qualité sont aussi parfois inférieurs. Il faut qu’ils compensent sur le terrain par une grosse cohésion et une grosse envie de combattre. En 2018, après ce titre, on a un peu oublié tout ça… Il fallait simplement remettre la machine en route. Quand tu te retrouves en position de relégable, tu es en danger et tu prends conscience qu’il y a de gros efforts à faire. Une fois qu’ils ont commencé à être faits, on l’a eu plus facile, et l’ambition est venue avec les victoires qui sont revenues. Tout le monde a pris confiance et on a fait une intersaison de qualité avec un recrutement qui nous a amené des plus-values. Entre le développement physique de certains joueurs et l’arrivée de nouveaux, on a un effectif qui a grossi et qui s’est étoffé en quantité et en qualité.
Le secret de la méthode Broncan est-il humainement, sportivement, tactiquement ou au niveau du recrutement ?
C’est un peu tout. Rugbystiquement, on a changé la façon d’aborder les rencontres. Le projet de jeu a été modifié en développant un peu plus le jeu debout, le jeu après contact, en ayant aussi une meilleure communication sur le terrain. On a mis beaucoup l’accent là-dessus, ce qui nous a permis d’avoir des « fulgurances offensives » pour scorer. On essaie aussi d’optimiser nos meilleurs porteurs de balle en leur donnant le plus souvent le ballon et en ayant des joueurs plus de soutien qui nous permettent d’assurer la continuité du jeu. Ça a été la base un peu du renouveau notamment offensif, tout en gardant de la qualité sur les sorties de camp et surtout une grosse base défensive pour mettre la pression sur l’adversaire quand on n’a pas le ballon.
Le président Revol loue votre faculté à dénicher des joueurs méconnus et d’arriver à les sublimer. Cette spécificité est-elle aussi une des clés de la réussite ?
C’est sûr que ce type de joueurs essaie de te rendre ce que tu lui donnes, c’est-à-dire la possibilité de jouer en Top 14. Ce n’est pas tout le temps évident, la marche est haute parfois et tout le monde ne peut pas la franchir. Ce sont aussi des joueurs méconnus parce qu’il y a parfois une méconnaissance du rugby, notamment de ce rugby de Pro D2 qui est très riche, comme celui de Nationale, où il y a des joueurs qui par moments passent à travers les sélections ou les mailles des conseillers techniques. Peut-être que jeunes ils n’avaient pas toutes les qualités physiques pour le haut niveau, il y en a qui maturent plus tard. Mais on sait que ce genre de joueurs est habitué à une certaine dureté, à enchaîner entraînements et matchs. On essaie aussi de prendre des joueurs qui vont pouvoir finir leur développement chez nous. Mais si on avait la possibilité d’aller chercher des internationaux néo-zélandais, on le ferait !
Castres passe pour un village gaulois d’irréductibles. Le « petit sorcier » gersois se sent-il plus proche de cette identité castraise que du rugby des grandes métropoles ?
Je me sens bien partout ! Quand on prend le Top 6, Castres est la seule petite ville à être qualifiée. Mais tant qu’on aura le Groupe Pierre Fabre derrière nous et la capacité de lutter dans le haut du tableau, on essaiera de le faire. Cette identité castraise a toujours existé. La saison dernière, on ne l’a pas trop vue parce qu’il y a eu beaucoup de matchs à huis clos avec le Covid. J’ai découvert réellement cette ferveur cette saison. C’est une ville rugby, il n’y a pratiquement que ça comme sport. Et avec le gros travail d’ouverture sur les clubs partenaires du département, le « 100 % Région », l’image du CO est aujourd’hui très bonne. C’est agréable. Le public a été présent partout cette saison. C’est un public de passionnés, je ne suis pas surpris de l’effervescence qu’il peut y avoir avant cette demi-finale.
Malgré cet engouement, le CO traîne l’image d’un club pénible à jouer, mal aimé, boudé des médias et qui avance toujours masqué. Cela vous dérange-t-il ou cultivez-vous ce « seul contre tous » ?
Ça ne me dérange pas du tout, je m’en fous ! C’est aussi une méconnaissance de ce qu’on est réellement, mais c’est comme ça… On parle beaucoup du Castres Olympique sans le connaître. Ce n’est pas grave, on n’a aucun problème avec ça. Ce n’est pas grave si on ne parle pas de nous, on y est habitué et on n’y attache aucune importance. On est dans notre coin, on travaille. Cette mauvaise image de nous n’a jamais été un levier. C’est l’extérieur qui dit tout ça, mais on ne parle jamais de ça entre nous. Ce n’est pas quelque chose qui motive l’équipe. Ce sont les gens à l’extérieur qui fabulent là-dessus, qui pensent qu’on se motive là-dessus et qu’on ne gagne que là-dessus. Mais ce n’est pas ça du tout.
Vos expériences à l’UBB, Toulouse ou Bath vous servent-elles aujourd’hui à la tête du CO ?
L’expérience à Bath m’a énormément servi dans la méthodologie et la structure de l’entraînement. J’ai découvert en Angleterre l’ondulation de la semaine, entre faible intensité et haute intensité. Ce système est en train de se démocratiser en France. Cela correspondait aussi à ce que voulait faire Vincent Giacobbi, le directeur de la performance, qui a été également préparateur physique aux Saracens. C’est sûr que l’expérience anglaise, par rapport aux autres clubs français où je suis passé, m’a servi.
Vous restez sur une grosse dynamique sur la phase retour (10v/3d, 43 pts) bouclée par cinq victoires de rang. Avez-vous l’impression que le CO a changé de statut avec cette première place ?
Non, pas du tout… On est content d’être en demi-finale directement, ça nous a permis d’éviter ce barrage qui peut être fatal. Deux équipes de très gros calibre sont tombées le week-end dernier (NDLR : La Rochelle et le Racing 92). Il n’en reste plus que quatre en demi-finales. On est déjà très content d’être présents et d’avoir cette chance d’être à un match d’aller à Paris. On va rencontrer une très grosse équipe, ça va être extrêmement compliqué. Ce n’est pas un manque de rythme ou un excès de confiance qui nous fera perdre contre une équipe de ce niveau avec peut-être la meilleure charnière qu’on peut trouver. On a tout intérêt à livrer la meilleure partie possible pour se donner le plus de chances. Mais on sait bien que la moindre défaillance nous coûtera cher.
Dans votre staff (Caballero, Wihongi) comme dans votre effectif (Kockott, Urdapilleta, Babillot, Dumora, Palis…), plusieurs « anciens » ont l’expérience des phases finales. Accordez-vous de l’importance à cette transmission ?
Bien sûr. C’est même primordial pour une équipe en phases finales d’avoir des joueurs et des membres du staff qui ont déjà vécu ça et même connu un titre de champion de France (2013 et 2018). Donc on va s’appuyer sur ces joueurs-là. Ils prennent d’ailleurs le leadership, et c’est normal, pour conseiller les plus inexpérimentés. Mais on n’a rien changé dans la préparation. On va passer du temps ensemble parce qu’on va partir ce mercredi pour Nice (NDLR : avec un groupe de 32 joueurs, dont le futur retraité Kockott et Ardron de retour de blessure). Dans le rôle qui est le mien, il faut que j’amène beaucoup de sérénité au groupe, de la confiance, et qu’on optimise les moments qu’on passe ensemble, comme ceux où on ne se voit pas. C’est sur du détail que ça peut se jouer.

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